Protection de l'enfance

Face aux problématiques de maltraitance, d’abandon des enfants et de pauvreté vécus au sein de la société, historiquement, le placement des enfants a été perçu comme une solution. Cependant, cette solution semble avoir amené aux enfants placés son lot de difficultés : Sentiment d’abandon, traumatisme de la séparation, rupture des liens d’attachement, appauvrissement de l’image de soi, perte de l’amour inconditionnel des parents, problèmes d’identité et d’appartenance, difficulté d’intégration sociale et d’incompétence parentale[1]. Pour eux, le placement donne naissance à une réalité de vie nouvelle et complexe, un problème bien souvent plus difficilement circonscriptible et compréhensible, celui de transiger avec deux réalités existentielles : sa famille biologique et la famille d’accueil.[2] L’enfant vit dans deux cultures différentes.

C’est pourquoi nous devons l’accompagner jusqu’à son autonomie. Le placement doit être accompagné. Néanmoins l’enfant se trouve souvent livré à lui-même sans aide après ses dix-sept bien qu'une protection de jeune majeur peut être mis en place pour certains. En effet les enfants victimes de maltraitances et d’abus sexuels sont effectivement protégés. Mais pas sur la protection du développement affectif, relationnel et intellectuel de l’enfant (Maurice Berger)[3]. Autrement dit, le placement est un outil éducatif seulement si ce dernier a les réponses pour s’en sortir et se prendre en main. Il est donc nécessaire d’accompagner ce dernier afin que le placement prenne sens.

Pendant la prise en charge, certains enfants rencontrent des difficultés à s’équilibrer à cause des parents présentant des troubles sévères de santé mentale, ce qui les empêche de se développer et d’accéder à leur autonomie. D’autres ont besoin de garder des liens pour s’équilibrer. Il est donc essentiel d’évaluer chaque situation avant de prendre une décision définitive. Il est donc important de travailler sur une rupture et de travailler le maintien des liens car la famille est au centre de la vie de l’enfant. Son adhésion est essentielle pour l’évolution de l’enfant. Lorsque la famille est absente, l’enfant doit être accompagné afin qu’il comprenne son histoire. Ainsi il pourra s’autonomiser. Le travail sur la situation familiale a donc un impact sur l’évolution de l’enfant.

Pour éviter l’échec dans sa vie future, un travail doit être efficace. L’enfant est donc accompagné psychologiquement seul ou avec sa famille.[4]Maurice Berger souligne que l’idéologie du lien familial empêche d’écouter la première victime : L’enfant lui-même. Le placement prépare bien l’autonomie de l’enfant. S’il y’a échec dans la vie de certains enfants, c’est qu’il n’y a pas eu de réparation complètes sur leurs histoires.

Pour revenir aux questions du départ « le placement est -il un outil éducatif ? », « faut -il maintenir les liens familiaux à tout prix ? ». Nous constatons que le placement est un outil éducatif seulement si l’enfant a eu les moyens suffisants pour s’en sortir. Quant aux liens familiaux tout dépend de l’histoire de l’enfant. Les liens doivent être maintenus au cas par cas. Il n’y a donc pas de réponse miracle à ces deux questions.

[1] Myriam David (1989), le placement familial, de la pratique à la théorie, Paris, ESF

[2] Louise Carignan, lien familial des enfants placés : Les avantages et les inconvénients du maintien avec la famille biologique pour les enfants placés à long terme sans possibilité de retour avec elle. Disponible sur www.optsq-07.org/Lienfamilial.pdf (article numéro 13 janvier 2002 du trait social, le journal de l’optsq-07, les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux de la région de l’OUTAOUAIS). Consulté le 30-03-2005.

[3] Interview Maurice Berger, l’échec de la protection de l’enfance protéger l’enfant en danger : la faillite du système français. Disponible au htpp://www.dunod.com/interviews/48648/048648_Interv_Berger.pdf

[4]  Interview Maurice Berger, l’échec de la protection de l’enfance protéger l’enfant en danger : la faillite du système français. Disponible au htpp://www.dunod.com/interviews/48648/048648_Interv_Berger.pdf